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Moeren
C'est le cadre d'un lit. Un pan de lit d'un tout petit. Son bois a absorbé les douceurs du livre d'avant le dodo, un verre d'eau renversé pas exprès, il a bu une colère comme une tempête dans le verre d'eau. Par dessus ce pan s'est échangé le dernier des derniers calins. Et avec le doudou vert lumineux contre la peur du noir, ce bois a emmené le capitaine vers de longues dérives rêveuses... Il protège maintenant un par-chemin des Moeren, ces droits petits canaux tout bornés de moulins et légèrement cernés par l'écriture des algues. Pour recueillir ces mots ondulants flottant sur un canal profond aux bordures raides, j'ai joué la déséquilibriste. Sous le regard froncé d'une poule d'eau. Tendant un très long et lourd bâton, assurée par Tanguy qui me retenait par la ceinture, je pêchais ces étranges signes verts ridant pour de longs moments la surface foncée. Je les envoyais voler sur le chemin où Cyprien courrait attraper la prise frétillante et la déposait dans un verre rempli d'eau pour qu'ils ne soient pas trop perdus. J'avoue avoir eu envie de me glisser dans le lit, dans le lit de ce tout petit canal, pour y lire ses algues. |
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